Quand j’étais petite, j’adorais le dessin mais je ne savais pas dessiner alors j’y ai renoncé. Devenue adulte, je m’y suis remise de façon sporadique, chaque fois portée par un bel élan, aussi vite réprimé devant le peu de résultat. C’était tout simplement moche. Bref, j’étais frustrée.
Puis un jour, j’ai essayé différemment. Plutôt que de dessiner quelque chose de « joli », j’ai décidé de laisser sortir ce qui voudrait bien sortir. Je me suis dit que si je me ratais, je pouvais reprendre une feuille blanche et recommencer à zéro. C’est antinomique comme concept, mais je crois que je faisais l’apprentissage de la spontanéité, en m’accordant le droit à l’échec.
Je me suis servi un verre de bière, j’ai mis de la musique, et je me suis lancée en évitant soigneusement de réfléchir. À la place, j’ai chanté et dansé.
Et voilà ! Ça ne ressemble à rien, n’est-ce pas ?
Heureusement, mon fils qui passait par-là a pensé à faire pivoter mon œuvre d’1/4 de tour. Ça a un peu sauvé les meubles, au moins l’espèce de jaune d’œuf se trouvait dans le ciel et pouvait faire office de soleil.
Et pourtant j’en suis fière, tout simplement parce que j’en ai fait ma philosophie de vie. Moi qui étais si timorée et si timide, je suis devenue audacieuse et créative dans ma relation aux autres et à la vie.
Maintenant, je me dis que tout ce que je rate, je peux le recommencer sur une autre page. Alors, j’essaie des choses nouvelles.
En fait, je vis aujourd’hui l’insouciance qui m’avait fait défaut quand j’étais petite. D’ailleurs j’ai appelé mon gribouillis « Mon premier dessein d’enfant ».